Portraits La Tribune de Genève, le par ch.
Mis en ligne dans le kiosque le 1er octobre 2000.

Renaud, le mauvais garçon, se sublime à Genève

> La Tribune de Genève du vendredi 28 avril 2000

Renaud, le mauvais garçon, se sublime à Genève.

Alain PENEL

En ce début des années 2000, la chanson connaît un vrai printemps.

D'une part, la nouvelle génération vient de montrer ses promesses métissées au Printemps de Bourges. D'autre part, la vague des années 70 fait un retour en force. Quelques exemples : après un long silence, Michel Jonasz sort un disque intitulé "Pôle Ouest (dist. EMI)", Souchon se prend pour un jeune en gambadant sur les scènes de France et Dutronc enregistre avec Françoise Hardy.

Renaud, lui, il y a quelques mois et avant Aznavour, s'est offert le luxe d'un long déjeuner avec Trénet à la Closerie des Lilas, l'ancienne cantine d'Hemingway à Montparnasse. Après cet intermède symbolique, il est parti en tournée et fait étape de week-end au Grand Casino de Genève. Avec un grand-père mineur et un père qui écrivait des polars, Renaud avait les assises pour devenir un chanteur engagé.

Pris entre les mirages de l'ascension sociale et de la conscience de classe, il reflète bien dans ses chansons le dilemme, la contradiction de ses origines composites. La vie de plus a renforcé ses convictions. Compagnon de Romain Bouteille et de Coluche, l'auteur de "laisse béton" a participé à l'essor du café-theâtre et de cette nouvelle expression de la culture.

Comme plusieurs de ses confrères style Dutronc ou Souchon, il a aussi joué au ciné. Enfin, militant de gauche, il n'a pas hésité un temps à polémiquer dans "Charlie Hebdo". S'il en a le temps, Renaud devrait aller visiter chez Papiers Gras la très belle expo de son compagnon de colonne, Wolinski.

Côté chanson, le plus important, le succès persistant de Renaud s'explique par son parti pris de simplicité. Le chanteur ne se perd pas dans les circonvulsions poétiques. Il préfère l'efficacité, les mots du quotidien, ceux qui courent les rues et les canis.

Parfois provocateur (voir Miss Maggie en 1985), il ne cherche pas à être provocant à tout prix. Renaud avance toujours simplement et prudemment, un peu comme le prolétaire qu'il aurait voulu être et qu'il n'est pas.

Renaud en récital au Grand Casino de Genève, samedi 29 à 20 heures 30 (concert complet) et dimanche 30 à 20 heures 30 (encore des billets à Ticket Corner et à l'entrée).

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