Entrevues Sud-Ouest, le par fr.
Mis en ligne dans le kiosque le 30 juillet 2000.

Renaud à la Gare du Midi « Je chanterai jusqu'à ma mort »

> SUD OUEST EDITION PAYS BASQUE DU 17 JUIN 2000

« BIARRITZ

Renaud à la Gare du Midi

« Je chanterai jusqu'à ma mort »

Le chanteur a rempli au maximum la Gare du Midi ; jeudi soir. Gros succès. Il a bien voulu évoquer sa longue absence discographique, lors d'un entretien exclusif

SUD OUEST Vous êtes absent des bacs depuis cinq ans et demi et vous n'annoncez ce soir que deux nouvelles chansons. Pourquoi tant de temps ?

RENAUD : C'est vrai que j'ai de plus en plus de mal à écrire, mais qu'on se rassure (ou qu'on s'inquiète !) je chanterai jusqu'à ma mort.. De toute façon, je ne sait faire que ça. Aujourd'hui, mon nouveau disque est prêt... mais c'est un 45 tours ! Avec « Elle a vu le loup » que j'ai chanté ce soir, j'ai aussi terminé « Boucan d'enfer », sur une rupture sentimentale vécue... Mais ce n'est pas parce qu'on ne me voit plus que je ne travaille pas. Je ne fais pas de télé, je n'ai aucun ami dans le show-biz alors évidemment, on a l'impression que je suis mort, mais la vie existe ailleurs...

SUD-OUEST : Qu'y aura-t-il dans le prochain album ?

RENAUD :J'ai écrit un truc sur le gang des voleurs de nains de jardin, un autre sur « Baltique », le chien de Mitterrand… et d'autres. Il devrait sortir au début de l'année prochaine. Les textes sont toujours de moi et il y aura notamment des musiques d'Alain Lanty, le pianiste de ce soir. Un gars au poil que j'ai découvert à une soirée des Restos du Cœur.

SUD-OUEST : Quel était l'objectif de cette tournée acoustique ?

RENAUD : J'avais envie de ce format-là (une guitare un piano et moi) pour aller dans des plus petites salles, des villes où je ne vais pas d'habitude. Alors un soir, on fait un théâtre de 800 personnes, le lendemain on est ici, avec 3500...

Fin décembre, on aura fait 200 concerts. Je rassure les gans car ils voient que je ne suis pas mort et je me rassure en voyant que le public est toujours là. Je suis toujours scié de voir qu'il y a des fidèles qui vieillissent avec moi mais il y a des jeunes qui découvrent et qui sont là. Etonnant non ?

SUD-OUEST : Dans les années 70-80, vous chantiez la zone. Les rappeurs aujourd'hui sont-ils vos héritiers ?

RENAUD : En quelque sorte. Des gars comme Assassin font des disques formidables. Mais c'est dommage qu'il y en ait beaucoup qui écrivent vraiment avec leurs pieds ! Plusieurs rappeurs sont en train de produire un album de reprises de mes chansons. Dans un autre style, j'adore ce que fait Manu Chao.

SUD-OUEST : Vous avez chanté à Biarritz. La cause basque vous sensibilise-t-elle toujours ?

RENAUD : La recette du concert de Biarritz ira à une association qui milite pour le regroupement des prisonniers basques éparpillés en France.

Propos recueillis par

YANNICK DELNESTE

LA GARE DU MIDI TOURNEBOULEE

D'ordinaire la salle est bien élevée. Les têtes proprement rangées sur les fauteuils, l'on se tient droit. Et ça sent le joli parfum des filles. D'emblée jeudi soir, avant même que l'artiste ne soit rentré en scène, même la clim' lâchée pleins gaz ne parvient à refroidir l'ambiance. On s'agite sur les strapontins, des petits malins viennent s'asseoir juste devant la scène, sur la moquette, ça tombe bien, elle est confortable. Les allées grouillent de baskets, clarks, pompes et autres godasses.

La Gare du Midi ne peut faire entrer un spectateur de plus, même en poussant bien fort. Complet et archi-complet. Renaud, ici, au Pays basque, c'est un pote, un vieux complice. Puis le voilà qui entre sur la scène en traînant ses santiags un peu usées, son jean's usé, sa chemise un peumoche, et sa tronche… usée. Le chanteur cabossé, accompagné d'un pianiste, Alain Lanty, et d'un guitariste Titi Buccolo, débute par un « Salut Biarritz, ça va depuis la dernière fois, en... 96 ? C'est ça ? Alors vous êtes revenus, et y'a des nouveaux ? » La salle hulule, on l'interpelle ça et là devant ou derrière. Y comprend pas tout.

La première chanson « la ballade de Willy Brouillard », râpe un peu aux entournures. La voix a du mal à se frayer un passage, pas grave le public connaît les paroles. Deux heures de tchatche, suivies de chansons, à l'actif du compositeur, seulement deux petites nouvelles présentées en avant-première, émouvantes et poilantes, comme d'hab. Les amoureux de Renaud se fichent pas mal que le type ait changé un peu de tête, que sa voix s'éraille, qu'il fume et boive trop. A la fin du concert, des parents émerveillés enverront sur la scène, une petite Lolita, un petit Pierrot pour faire le bisou au chanteur. Deux rappels, deux chansons en plus, puis encore deux. Un salut aux amis basques, « les bénéfices du concert iront à une association qui se bat pour le rapprochement des prisonniers, auprès de leur famille. Merci pour eux » lâche Renaud sous les bravos. Quelques clopes grillées au coin du piano. Le chanteur cabossé s'est refait la cerise. Voilà un chanteur qu'a bien bossé.

ISABELLE CASTERA »

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